Afin d’obtenir le diplôme Universitaire de "Patient formateur au parcours en soins chroniques" de l’Université de Santé de Bordeaux, il était demandé aux étudiant.es de réaliser une “Fiche identitaire” décrivant le processus d’acquisition de compétences et d’appropriation d’une identité de Patient Formateur.

Extrait de la fiche "Devenir patiente-formatrice" de Nadia Russell Kissoon :

LE DEVENIR PATIENTE-FORMATRICE

Ce travail est défini sous l’appellation d’une « fiche identitaire » décrivant le processus d’acquisition de compétences et d’appropriation de mon identité de Patiente-Formatrice formée dans le cadre du diplôme universitaire de « Patient-formateur au parcours en soins chroniques ». Cet écrit est libre tant dans sa forme que son contenu. Il ne respecte en rien les règles d’un travail universitaire en bonne et due forme. Il dépeint, je crois, la force créatrice et phorique de ce DU pour le devenir de patientes (car nous sommes 14 femmes) en patientes-formatrices.

Avant d’être une personne qui vit aussi avec une maladie chronique, mon identité s’est forgée à travers mon métier qui est celui de directrice artistique, d’artiste et de commissaire d’exposition dans le domaine de l’art contemporain. L’art me permet de naviguer en permanence entre différents champs sociaux, professionnels, voire politiques. Mon objet est celui de la « sculpture sociale» au sens beuysien qui consiste à reconnaitre la puissance d’innovation et de créativité propre à chaque être humain comme une capacité que la société devrait mettre à profit dans tous les champs. Selon Joseph Beuys « tout être humain est un artiste ». J’ai cette aisance pour aller à la rencontre de l’autre, qui est mon moteur premier et pour apprendre, comme pour transmettre. Je fais preuve d’« agentivité » sur le terrain, par immersion et dans un but de recherche et de création artistique. Je convoque ainsi les imaginaires visuels ou invisuels et je mets en exergue, à travers le prisme de l’art, d’autres visions, récits et rapports au monde possibles, pour mieux faire humanité ensemble dans le respect des identités des personnes. Mon sujet est donc celui de la qualité de la relation entre les personnes et les cultures.

D’un côté ce diplôme universitaire a nécessité que je sorte de ma zone de confort, de mon champ de l’art et que je m’immerge dans l’histoire du système de santé français et dans ses problématiques actuelles, dans les théories et méthodologies de la pédagogie, comme dans les fondements institutionnels et pratiques de l’Éducation Thérapeutique du Patient afin d’acquérir les connaissances et les compétences nouvelles, nécessaires à la mise en oeuvre de formations pour les étudiants en santé et l’encadrement d’E.T.P. De l’autre, je me suis sentie complètement à ma place grâce à mon vécu de patiente et à mon savoir expérientiel mais également intellectuel de ma maladie. Savoir qu’il m’a fallu convertir en compétences applicables sur le terrain décrit pour affirmer une identité amplifiée de patiente-formatrice en devenir. Le lien entre mon métier d’artiste et celui nouveau et engagé de Patiente-Formatrice est ce sujet central de «la relation». Et l’objectif de cette formation n’était-elle pas justement, d’interroger, de renouveler et de renforcer la relation entre les soignants et les soignés pour mieux faire humanité ensemble dans le domaine de la santé et du soin?...

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